Martel en tete

28Juin/18Off

Les mécanismes de marché au niveau international

Les paiements effectués au profit de propriétaires fonciers garantissant la prestation de services écologiques peuvent s’effectuer au niveau international. Un bon exemple en est fourni par les dimensions foncières et forestières des fameux mécanismes de développement propres dans le cadre de la lutte contre les gaz à effet de serre. La COP de Bali a approuvé le système REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts). L’une des options présentées dans le cadre de ce système REDD est un mécanisme de marché permettant l’échange de crédits sur la déforestation évitée. Un problème de financement se pose ici de manière récurrente, notamment à raison des fluctuations du prix de la tonne équivalent-carbone, ce dernier ayant sensiblement baissé (il est passé de 22 dollars la tonne début 2006 à 13 dollars début 2010). À bien des égards, ce système en évoque un autre : l’initiative dite YasuniITT poussée, avec une détermination certaine, par le président équatorien Rafael Correa. Il s’agit là d’un pacte par lequel l’Equateur renoncerait à exploiter un formidable gisement pétrolier, d’une valeur estimée de sept milliards $ et représentant quelque 20% des réserves totales du pays, situé sous une réserve forestière d’une biodiversité exceptionnelle, classée à ce titre en tant que réserve mondiale de biosphère UNESCO. En échange, les autorités équatoriennes entendent bénéficier d’une aide internationale équivalent à 50% de la valeur commerciale du gisement, via un fonds collectif géré par le PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement). Un accord portant création de ce trust fund a été signé le 3 août 2010 entre l’Equateur et le PNUD. Il est estimé que le renoncement à exploiter le gisement permettrait d’éviter le rejet de 407 millions de tonnes de CO2. Ici la communauté internationale paye donc pour le maintien d’un service, mais en passant par un fonds, et non pas par un système d’affectation de quotas négociables. Cette distinction pourrait cependant s’estomper dans la pratique: la ministre équatorienne de l’environnement, Maria Fernanda Espinoza, a déclaré que les autorités équatoriennes émettraient des certificats de garantie de non-exploitation du pétrole et qu’elles les feraient approuver au titre du système REDD, voire les échangeraient sur le marché nord-américain du carbone. Par ailleurs, il y a lieu de se demander si un système de type Yasuni est généralisable. Dans la mesure où il existe de nombreux gisements d’hydrocarbures de par le monde, répartis au-dessous d’espaces soumis à protection, il est douteux que les pays développés aient la capacité de payer pour tout le monde.

Remplis sous: Non classé Commentaires